(001), Fils d'une famille pour laquelle les traditions sont l'essence même de la réussite, je demeure kshatriya, membre de la caste noble en Inde. Un détail qui tiraille les veines comme venin, un héritage qui oppresse ma poitrine, lacère ma cage thoracique. Des ruines qui dessinent des sentiers que je n'ai guère envie de traverser.  (002), Gréé du diplôme qui se révèle fantasme de mon enfance, officiellement prêt à exercer en tant que médecin, j'abandonne mes aspirations au profit de ce que mon père appelle les responsabilités familiales. Malade, les poumons déchirés par les toxines modernes, il se déclare inapte à diriger la clinique et me cède le trône sans considérer ma volonté. Formé de l'aube au crépuscule, je deviens directeur des ressources humaines à mes vingt-cinq ans et laisse derrière-moi en cendre ma propre ambition. (003), Homosexuel, j'étouffe mes désirs sous le poids des pupilles cuivrées de mon foyer. Conscient qu'il est inconcevable pour ma mère autant que mon père qu'un de leurs enfants puisse aimer une personne du même sexe, je livre ma nature à l'oubli et épouse ce qui s'apparente à l'idéal selon mes géniteurs. Secret d'une vie qui m'enchaîne à Jane Betancourt, ma femme avant la fin du monde. Regret acide qui ronge l'âme lorsqu'elle s'égare à la tombée de la nuit. L'absence de réponse, de connaissance, de résultat. Survivre sans savoir si mon propre sang accepte ou non qui je suis. (004), L'apocalypse, en décharge électrique fait battre plus que jamais mon palpitant. Pigment,  elle imprègne d'un noir profond le moindre de mes organes, transforme l'homme en prédateur. Complexe à admettre, le cataclysme qui fauche l'humanité est une opportunité, un nouvel espoir , une échappatoire à mon enfer. Une réalité qui m'éclate au visage lorsque je laisse volontairement mourir ma dulcinée sous les morsures et me purge de tout ce  que je n'ai jamais souhaité. Un virage qui me permet à présent d'être médecin. (005), L'alcool, substance longuement évitée, refusée par bonne conscience entre deux paroles saintes est maintenant remède pour avancer. Éthique en lambeaux, admirer mon propre reflet demeure être une épreuve douloureuse. Sur la fleur de mes paumes, le sang d'innocents tout autant que celui de ces monstres. Fier de ma personne, celle que je suis au fond depuis le premier jour, un soupçon de honte luit sur ma lippe lorsque il est question du cheminement jusqu'à mon propre épanouissement. (006), Toutes les vies ne possèdent plus la même valeur à ce jour. Seules celles des proches comptent lorsque l'humanité se résume à des poignées éparpillées sur le globe. Sacrifier n'est pas un problème si cela me permet de sauver le peu de bonheur dont je peux me satisfaire. (007), Méfiant, ma confiance est denrée rare. Par sûreté, je préfère assurer ma propre survie, ce qui me pousse à être régulièrement volontaire pour participer aux excursions du commando de Jericho, de manière à pouvoir m'assurer que ces dernières sont effectives. Ces balades me permettent également de récupérer des morceaux de carcasses sur lesquels je m'entraîne dans l'optique d'améliorer mes procédés opératoires. (008), Les pertes humaines courantes comme les pluies m'isolent. La crainte d'être la cible du chagrin me convainc de ne jamais trop m'accrocher, de ne jamais aller trop loin. Dans ma tête, une voix, la mienne qui en écho me répète que tout n'est que ligne ou chapitre. (009), L'évolution du monde ne freine en rien ma faim des petits bonheurs du quotidien. Du café chaud des premières heures aux câlins sensuels des dernières d'une journée, je savoure. Des extras qui me laissent parfois penser que d'une manière ou d'une autre, rien n'a véritablement changé, tout n'est qu'amélioré. (010), écrire ici un tic manie, ou un truc à savoir sur votre personnage ici.